Kinderzimmer de Valentine Goby

lundi 14 octobre 2013

Résumé : 
“Je vais te faire embaucher au Betrieb. La couture, c’est mieux pour toi. Le rythme est soutenu mais tu es assise. D’accord ?– Je ne sais pas.
– Si tu dis oui c’est notre enfant. Le tien et le mien. Et je te laisserai pas.
Mila se retourne :
– Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que tu veux ?
– La même chose que toi. Une raison de vivre.”

En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.
Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles.

Première phrase : 
Elle dit mi-avril 1944, nous partons pour l'Allemagne.

Dernière phrase : 
Et d'ailleurs regardez, cette branche de lilas blanc, oui, juste derrière vous jeune homme ; regardez-la, qui cogne tout doucement à la fenêtre.

Le paragraphe : 
- Le crématoire fonctionne presque tout le temps, vous avez vu ? Le froid te tue.
- L'hiver, c'est un truc de nazi.

[...] il faut des historiens, pour rendre compte des événements ; des témoins imparfaits, qui déclinent l'expérience singulière ; des romanciers, pour inventer ce qui a disparu à jamais : l'instant présent.

Marine Landrot de Telerama en dit : 
Valentine Goby a écrit un grand roman sur l'innocence, une magistrale histoire d'éveil, décryptant dans leurs moindres détails les perceptions de son héroïne, parachutée dans un univers inconnu, inquiétant, incompréhensible.

Moi j'en dis : 
L'histoire commence dans une salle de classe, une survivante des camps vient pour témoigner, son récit est perturbé par une question (pertinente) dans l'assistance. A partir de là on navigue dans les souvenirs de son expérience, celle d'une déportée enceinte. Au travers ses yeux, on découvre le "quotidien" du camps, son horreur.

Valentine Goby nous offre une lecture bouleversante porté par une écriture, simple et tellement juste. Le récit au présent donne aux horreurs décrites une proximité et une dimension particulièrement douloureuse. Le présent nous projette dans la persécution, le désarrois, l'attente, l'incompréhension.

J'ai commencé ce livre par curiosité. Des Kinderzimmer dans les camps de concentration, qui l'eut cru. C'est une lecture qu'on ne peut pas mener d'un bout à l'autre sans faire de pause. Ce qui y est décrit est trop dure. Le récit de Mila ne cherche pas à émouvoir le lecteur, il essaye simplement d'aller au plus juste etc'est ce qui nous chamboule.

Verdict : Chacun a vécu une "épreuve singulière dans la tragédie collective", c'est un rappel de l'auteur, qu'une fois encore j'ai trouvé très juste !

N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.

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