Alyah de Eliette Abécassis

vendredi 9 octobre 2015

Résumé :
L'histoire d'une femme, le destin d'un peuple : sur fond d’antisémitisme et de retour de la haine, le nouveau roman d’Éliette Abécassis se présente comme une double histoire d’amour. Celle d’Esther avec la France. Celle d’Esther avec Julien, qui est écrivain. À travers une épopée personnelle et collective, qui la mènera sur le chemin de l'histoire de sa famille en France, la narratrice se pose la douloureuse question de devoir quitter son pays.
Un roman choc sur le syndrome d'une société qui sombre dans la barbarie.

Première phrase : 
C’est le matin, vite, il faut se réveiller, se laver, enfiler un jogging, préparer les enfants pour l’école.

Dernière phrase : 
– Alors dans dix ans, ce ne sera plus la France.

Moi j'en dis : 
Ce roman, copain l'avait repéré bien avant sa parution. Il était impatient de le découvrir. Il faut dire que le thème l'intrigue beaucoup : l'alyah. Il a été très déçu de voir que l'auteur n'apporte rien de concret sur l'alyah, peu d'informations sur les démarches, sur le processus et surtout ce qu'il advient une fois en Israël. Néanmoins, il a apprécié sa lecture et me l'a conseillé.

C'était mon premier Éliette Abécassis et je ne m'attendais pas du tout à ça ! Je m'attendais à une histoire, des personnages, des mises en scènes.. Ici, c'est plus que ça, c'est un témoignage, hautement autobiographique au vu des informations qui sont données par l'héroïne et qui correspondent à la biographie de l'auteur.

Ce témoignage est profondément ancré dans la triste actualité : Celle de tous les Juifs de France et d'ailleurs qui ne se reconnaissent plus dans les pays dans lesquels ils vivent. Celle de la montée de l'antisémitisime, celle de la légitimation des actes racistes.

Sous prétexte de nous raconter l'histoire d'Esther, une jeune femme juive, enseignante, célibataire, mère de deux enfants, vivant en France depuis toujours, l'auteur dresse une sorte d'état des lieux d'un quotidien difficile pour un grand nombre de français. L'héroïne ne se sent plus la bienvenue en France.. pour l'expliquer elle évoque la colère, la haine, la peur, le racisme ordinaire.

C'est aussi dérangeant à lire que "Des mensonges dans nos têtes", sur le thème de la déségrégation aux Etats-Unis. Parce que ce climat de haine décrit, je n'ai pas envie d'y croire, et ça me fait énormément de peine de l'associer à mon pays. C'est difficile de concevoir la France avec le regard de Madame Abecassis.

Elle nous parle aussi de sa vie de femme et sa relation stagnante avec son ami de toujours : Julien, l'auteur qui ne sait pas ce qu'il veut faire de sa vie. J'ai trouvé ces passages inintéressants. Ce sont d'ailleurs des passages où j'ai trouvé qu'elle s'éparpillait beaucoup. Avec du recul, je pense qu'elle nous parle de ça pour éviter de nous étouffer complètement avec la colère et la haine, mais ce n'est pas une grande réussite.

Du point de vue de l'écriture, j'ai trouvé ça très simple. Une succession de phrases courtes, avec une ponctuation qui donne un ton très rythmé. Le tout donne une impression d'oralité. On sent que c'est un témoignage qui est raconté de façon brute, sans relecture pour lisser les vérités. C'est vif, c'est tranchant.

Verdict : La lecture de ce roman m'a bouleversée. Je suis ressortie de cette lecture alertée et profondément triste ! C'est une véritable prise de conscience de cette haine qui est devenue ordinaire et dont je n'avais pas conscience.

Bonus : L'auteur est très critique vis-à-vis des prises de positions sur le conflit israelo-palestinien, enfin.. très critique vis-à-vis des positions qui ne sont pas les siennes.

N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez. 
Au plaisir.

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