Une maternité rouge de Christian Lax

dimanche 3 novembre 2019


Alou, chasseur de miel, se dirige vers les ruches sauvages d’un baobab. Circulant en 4x4, armés jusqu’aux dents, une bande d’islamistes radicaux foncent sur lui et font exploser le baobab sacré.
Parmi les débris du baobab, Alou découvre, intacte, une statuette représentant une femme enceinte. Encouragé par son père, il se rend dans le pays Dogon présenter la statuette au sage du village, le hogon, respecté de tous pour sa culture. Le hogon reconnaît aussitôt cette Maternité rouge . Elle est l’oeuvre, selon lui, du maître de Tintam, dont une première Maternité se trouve déjà au Louvre, au Pavillon des Sessions. Pour le vieil homme, la sculpture, en ces temps de barbarie, sera plus en sécurité au Louvre, près de sa soeur, qu’ici, au Mali.
Confier la statuette au musée parisien, c’est la mission d’Alou. Et pour la mener à bien, le jeune homme prendra tous les risques en traversant déserts et mers, en compagnie de migrants, ses soeurs et frères d’infortune.
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Mon avis : Qu'il est beau cet album. Son histoire, son message et son dessin, tout est renversant. 

Et je dois dire que ce n'était pas gagné. Au départ, en lisant le résumé, bien qu'intriguée par les thématiques annoncées, j'avais peur du positionnement de l'auteur vis-à-vis du "sauvetage" des oeuvres d'art. Je ne suis pas une grande fan du Quai Branly ou de sa succursale au musée du Louvre et des pavillons de civilisations en tous genres... Qu'on se le dise, je considère qu'il s'agit de séquestre d’œuvres de pays étrangers. Cela dit, les expositions temporaires d’œuvres me conviennent parfaitement. Temporaire étant le mot-clés, autrement dit, tant qu'on rend les œuvres ! 

Dans cet album, il est question d'une statuette datant du XIVe siècle attribué au maître de Tintam, qu'il faut protéger de la folie des extrémistes. C'est Alou, un chasseur de miel, qui sera chargé par le Hogon, le sage du village du pays Dogon, de la mettre en sécurité à Paris, au musée du Louvre. À partir de là, Alou va passer par monts et par vaux pour arriver en France depuis le Mali. D'épisode traumatisant en épisode traumatisant aucun répit ne lui sera permis, il porte une charge qu'il le dépasse.

Pas de langue de bois, pas de faux-semblant, mais beaucoup de poésie à la fois dans le dessin et le texte. L'auteur propose ici un album sincèrement engagé où il est question d'art, mais surtout d'hommes et de femmes en exil qui remettent en question l'accueil de leur terre d'accueil.

N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.

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