La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel

dimanche 12 janvier 2014

Résumé : 
C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu’il s’appelle ainsi. Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort.Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.

Première phrase : 
C'est un vieil homme debout à l'arrière d'un bateau.

Dernière phrase : 
La petite fille de Monsieur Linh.

Le paragraphe : 
Qu'est-ce donc que la vie humaine sinon un collier de blessures que l'on passe autour de son cou ? A quoi sert d'aller ainsi dans les jours, les mois, les années toujours plus faible, toujours meurtri ? pourquoi faut-il que les lendemains soient toujours plus amers que les jours passées qui le sont déjà trop ?

Philippe Jean Catinchi du Monde des livres en dit : Un récit aussi bref que brûlant dont les braises ne s'éteignent pas le livre refermé.

Delphine Peras de Lire en dit : L'abandon, la mémoire, le regard sur l'autre habitent [...] ce troublant roman. Des thèmes que Philippe Claudel explore ici avec une intensité poignante. »

Moi j'en dis : 
Voici ma première lecture de mon Swap : Noël au coin du feu, réalisé avec Ouisti-lit.
Sur la page de titre, Ouisti-lit, m'a laissé une dédicace : elle considère ce livre comme une petite claque. Et bien assez rapidement, j'ai rejoint son avis.

Tout d'abord, parlons style : il est brillant. Une écriture très simple avec des phrases courtes pour un effet percutant. Le ton est délicat et doux. Il y a dans ce livre l'élégance que l'on retrouve dans les styles et les plumes asiatiques.

Ce style est au service d'une histoire qui nous emporte nulle part et partout.. Oui, oui. Il n'y a pas de cadre spatio-temporel annoncé. L'auteur reste très flou sur le contexte, pour en mettre un paquet sur les situations que ses personnages vivent.
D'ailleurs, parlons des personnages, ils sont terriblement attachant et touchant. Monsieur Linh, sa petite fille et Monsieur Bark nous font passer par mille émotions. Les relations qu'ils ont les uns avec les autres nous bouleversent à un moment ou un autre de l'histoire.

D'ailleurs l'histoire finalement c'est quoi ?

Monsieur Linh, vient de perdre son fils et sa belle-fille. Ils sont morts dans l'explosion, alors qu'ils étaient à la rizière pour y travailler. Il ne reste de sa famille que sa toute petite fille de quelques semaines.

Après cette tragédie, pour le bien de sa petite fille, Sang Diû, Monsieur Linh décide de quitter son pays avec elle. Il rassemble ses effets personnels et montent tous les deux dans un bateau en direction d'un nouveau pays.
Aucun pays n'est cité, l'auteur nous laisse superposer l'histoire dans le contexte qui semble le mieux convenir.

Avec des milliers de réfugiés, ils débarquent dans un nouveau pays. Pays dont ils ne connaissent rien, pas même la langue. Les autorités les places dans un centre. Leurs cohabitations avec d'autres réfugiés permettent à Monsieur Linh et sa petite, de ne pas perdre complètement pieds. Puis, peu à peu, une routine se met en place, le grand-père fait des petites balades avec sa petite-fille pour s'aérer et apprivoiser leurs nouveau pays. C'est là qu'ils rencontrent Monsieur Bark et qu'une drôle d'amitié se met en place.. Il y a bien la barrière de la langue, mais rapidement elle est dépassée par les bonnes intentions et chaque jour ils se rencontrent et ils partagent à leur manière. Jusqu'au départ de Monsieur Linh qui va tout faire pour revenir sur ses pas...

Verdict : Un roman qu'on finit en se disant "Noooon, mais nooooon, pas possible". On relit les dernières pages pour y croire tellement c'est dur. C'est plein de poésie, c'est délicat. Tout est suggéré. Au détour d'une situation l'auteur dénonce un système, une administration. Une belle prouesse en 183 pages.


N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.

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