Résumé :
« Quand j’évoque mon père devant ses proches, bientôt trente ans après sa mort, ils sourient toujours, un sourire reconnaissant pour sa générosité. Il répétait, il ne faut laisser que des bons souvenirs. Il disait aussi, on ne parle pas des choses qui fâchent. À le voir vivre, on ne pouvait rien deviner des guerres qu’il avait traversées. J’ai découvert ce qu’il cachait, la violence, l’exil, les destructions et la honte, j’ai compris que sa manière d’être était un état de survie et de résistance.
Quand je regarde cette photo en couverture de ce livre, moi à l’âge de deux ans sur les épaules de mon père, je vois l’arrogance de mon regard d’enfant, son amour était immortel. Sa mort à la sortie de l’adolescence m’a laissée dans un état
de grande solitude. En écrivant, en enquêtant dans les archives, pour comprendre
ce que mon père fuyait, je me suis avouée, pour la première fois, que nous n’étions pas coupables de nos errances en tout genre et que, peut-être, je pouvais accepter d’être aimée. »
Moi j'en dis :
Il y a un peu de La promesse de l'aube de Romain Gary dans ce roman !
L'auteur nous raconte l'histoire de son père, et à travers lui, elle nous raconte l'Histoire d'une communauté, l'Histoire d'un pays. Elle nous parle avec justesse de la "malédiction d’être juif, d’être un étranger, d’être toujours en dehors et dans la crainte". La crainte d'être dépossédé de tout, même de son identité.
Pour nous parler de son père, elle tente de le faire avec précision, et pour cela, elle va mener une enquête minutieuse. Abattre un travail de recherche et de lecture titanesque, notamment avec tous les supports d'archives qui lui sont accessibles. Avec ses recherches elle tente de recomposer le parcours de son père, pour le saisir et pourquoi pas le comprendre. Revenir à la source pour expliquer sa personnalité, ses choix et ses travers.
Enfin "travers", il faut le dire vite ! Elle dresse le portrait d'un homme profondément positif et optimiste. Un homme qui a connu l'exil vers la France en étant petit, enfant il a survécu à la Seconde Guerre mondiale, adolescent à une honte injuste et à peine adulte à la barbarie de la guerre d'Algérie. Abîmé par la vie, il s'est bricolé un masque souriant. Il n'en était pas moins un homme généreux, aimant, qui avait pour devise de ne jamais parler des choses qui fâchent. J'ai découvert en la personne de Gilbert Schneck, un homme inspirant !
L'auteur nous propose ici une véritable leçon sur le devoir de mémoire. Envers les personnes assassinées pendant la seconde Guerre Mondiale ; envers tous les bienfaiteurs, les Justes, qui, malgré les risques ont porté secours et assistance aux membres de la communauté juive. Elle nous parle aussi, sans détour, des bourreaux, des collaborateurs, des hauts fonctionnaires zélés, elle les cite l'un après l'autre et elle dénonce leur stratégie. Elle questionne intelligemment le comportement des uns et des autres.
Elle ancre son histoire dans le présent, en faisant des parallèles très intéressants sur les situations de l'époque et celle d'aujourd'hui, notamment autour de la question de l'accueil réservé aux migrants.
Verdict : Son récit, cathartique et libérateur, en plus d'être intéressant est profondément inspirant ! Par cette reconstitution de l'histoire familiale, elle lutte contre ses propres errements. Elle se pose des questions existentielles autour de sa réalisation en tant que femme et de son rapport à l'amour.
Les infos :
Date de parution : 23/03/2018
Editeur : Editions Stock
Nb. de page : 272 pages
Prix : 18.50€
Merci à vous, pour cette opportunité de lecture !
N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.
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