Les petits livres de Khalil Gibran : La vie

jeudi 20 août 2020


Dans la série Les petits livres de Khalil Gibran, nous découvrons la sagesse essentielle de ce que vivre signifie. Pour Khalil Gibran, la vie est cette énergie qui remplit tout ce que nous voyons et ressentons, et ce que nous ne pouvons qu'imaginer. Voici plus de cent fables, aphorismes, paraboles, récits et poèmes par cette voix visionnaire du réconfort, de l'amour et de la tolérance. Dans cette nouvelle compilation, retrouvez comment écouter la vie et son chant, voyez sa beauté, voyagez en son cœur et expérimentez cette vie comme un voyage.



Une lecture qui avait tout pour être inspirante et qui s’est transformée en catalyseur explosif de colère en symbolisant à mes yeux l’ingérence occidentale sur le monde oriental.

J’aurais dû me méfier, il était rangé dans le rayon spiritualité et ésotérisme… mais je voulais dépasser mes premières impressions, et surtout mes appréhensions. Alors je me suis autopersuadée « Ce n’est qu’un système de classement ». Déformation professionnelle oblige, j’analyse toujours les méthodes de rangement chez les uns, les autres et surtout dans les libraires et les bibliothèques. Pourtant, ici, ça allait plus loin, l’éditeur lui-même avait fait le choix de placer ce titre dans sa fameuse collection d’ésotérisme « aventure secrète ». Mais je suis balèze en autopersuasion, et le cachet « Khalil Gibran » balaye tout sur son passage, d’autant plus que je ne connaissais pas cette œuvre du poète-philosophe. 

Alors je l’ai acheté parce que j’aime Khalil Gibran, que c’est une valeur sure, une valeur refuge. Et là, étonnement, sur la page de titre apparaît un coauteur Neil Douglas-Klotz. Je me dis : belle place pour un préfacier. Que nenni ! L’introduction va me faire chanceler. Sa lecture me permet de prendre la mesure de la catastrophe que je tiens entre mes mains. Neil Douglas-Klotz nous y explique qu’il est à l’initiative d’une collection de livres : « les petits livres de Khalil Gibran ». Livres dans lesquels Neil Douglas-Klotz regroupe ses choix de textes du poète-philosophe selon des axes thématiques. Dans le livre que j’ai entre les mains, le thème c’est donc « la vie »… mais Google m’apprend qu’il en existe d’autres sur l’amour, le secret…

Neil Douglas-Klotz a donc pris l’initiative d’exploser l’œuvre Khalil Gibran pour la redéployer en rassemblant des textes issus d’ouvrages différents autour d’axes thématiques. Et il se permet d’aller encore plus loin, en catégorisant chaque texte dans une sous-rubrique encore plus précise par exemple : la nature/les saisons/le voyage.

Une initiative qui dénature l’œuvre de Khalil Gibran et qui la piétine, en piétinant son lecteur qui est désormais baladé dans une lecture balisée et bien pensante. Comme s’il n’avait pas la capacité de réfléchir par lui-même. Alors, on lui propose une collection où il sera pris par la main de texte en texte, même si leur succession n’entraine aucune progression de la pensée dans la mesure où bien que certains textes soient liés par un thème, ils ne sont rarement liés par un sens. Ce livre ressemble aux recueils de maximes qu’on trouve en tête gondole à l’approche des caisses en grande surface, dont la lecture entraine une overdose de bons sentiments, mais dont on ne retient rien et n’apprend rien.

L’œuvre de Khalil Gibran avait déjà une organisation. Dans ses différents ouvrages, l’auteur et son éditeur avaient déjà choisi une hiérarchie, le rythme de lecture et le positionnement des textes. La progression des textes n’est pas aléatoire, chacun d’eux répond au précédent qui donne les clés de compréhension du suivant. Certains permettent au lecteur de faire des pauses salutaires, avant de progresser vers un autre qui sera impactant. Chaque livre fonctionne avec une harmonie globale et une cohérence, qui permet à chacun de grandir, de se questionner et de mettre en perspectives ses aspirations.

Est-ce que Monsieur Neil Douglas-Klotz considère que l’ordre établi par Khalil Gibran n’était pas le bon et son réagencement est plus sensé ? Plus calife à la place du calife, il y a juste Iznogoud ! 

C’est dérangeant, insultant pour l’auteur et catastrophique pour le lecteur. 

 
N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.

 

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