Tant qu’il y aura des cèdres de Pierre Jarawan

jeudi 6 août 2020


Les parents de Samir ont fui la guerre au Liban pour se réfugier en Allemagne et offrir un meilleur avenir à leur famille. Mais un soir, une simple photo fait tout basculer. Le père de Samir, bouleversé, disparaît sans laisser de trace. Samir vient de fêter ses huit ans. Terrassé par ce départ, l'enfant devenu adulte n'en finit pas de se heurter au deuil impossible. Pour sortir de cette impasse, la femme qu'il aime ne lui laisse pas le choix : Samir doit se rendre à Beyrouth à la recherche de son père et des pièces manquantes de son histoire. C'est pour lui le début d'un voyage initiatique, où il fera la lumière sur les drames du passé et découvrira la beauté du pays de ses ancêtres. 

Tant qu'il y aura des cèdres est un roman poignant qui retrace le portrait d'une famille exilée, déchirée par le secret, la guerre et les remords. Peut-on jamais cicatriser d'une blessure d'enfance dont on ignore les causes ? En choisissant la vérité, Samir doit renoncer à ce qu'il croit savoir et se confronter à ce pays qui à tant à lui apprendre.


Quel roman, quelle histoire ! 

En quelques pages, on est transporté dans cette déclaration d’amour et de chagrin. Celle d’un fils, Samir, qui désespéré par le départ de son père, s’enlise dans une mélancolie tantôt nostalgique, et même joyeuse, mais surtout douloureuse. Son père, cet être solaire et charismatique, profondément empathique et généreux qui du jour au lendemain vacille, perd son éclat, sa joie de vivre et surtout son intérêt pour sa famille, avant de finir par disparaitre. Sans laisser aucune trace, tout en laissant mille et une choses derrière lui… ses sourires, ses histoires, ses services, son aura… Il était aimé de tous, et par-dessus tout : adulé par son fils.

Bon sang, mais qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi ? Comment ? 

Samir est au carrefour de sa vie, pour la mener il doit faire table rase de son passé, sans quoi, il est condamné aux limbes du présent. Alors, il se lance dans une ultime tentative de compréhension. Samir soulève les tapis, secoue les draps, ouvre les placards et se rend au Liban… Les souvenirs ressuscitent le passé, l’adulte donne du sens à ce qu’il avait cru saisir en étant enfant. 

À partir de là, j’ai avancé dans ma lecture la peur au ventre, peur des réponses à ses questions, peur des réponses à mes questions. Peur de ne pas être de taille à affronter les secrets qui entourent la disparition du père. Je me suis lancée à cœur perdu dans cette chasse du fuyant ; dans le décodage des traces pour reconstruire l’identité du père ; dans cette quête du père pour se construire sereinement.

Cette lecture se fait en apnée, dans l’urgence de savoir, de comprendre. De page en page on est accompagné par la douleur du fils qu’on finit par ressentir tant elle transpire du personnage. On partage ses peines, ses interrogations, ses doutes.

C’est touchant. 
C’est poignant. 
C’est bouleversant.

L’auteur nous balade dans un chassé-croisé d’intrigues et de temporalités qui rendent la lecture addictive et frustrante ! 

L’écriture est précise et incisive. Elle porte en elle le poids du détail qui compte et qui transporte le lecteur dans ce flux de souvenirs. 

L’écriture est surtout mélodieuse. Elle a le chanté et « l’imagé » de la poésie arabe.

En plus de l’histoire de Samir, on découvre avec lui Beyrouth et le Liban dans toutes ses facettes. L’auteur nous donne les clés pour tenter de comprendre son passé afin de mieux cerner son présent. 

C’est passionnant.
C'est un coup de cœur.



N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.

 

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