Avant la longue flamme rouge de Guillaume Sire

lundi 10 août 2020


«  Il essaye de courir en poussant sa famille devant lui, mais un hurlement ouvre le ciel et  une  mitraillette frappe des millions de coups de  hache partout en même temps. Dans le Royaume, il y a des vrombissements lointains.  »

1971 : le Cambodge est à feu et à sang. Saravouth a  onze  ans. Sa petite sœur Dara en a neuf. Leur  mère  enseigne la littérature au lycée français. Leur  père travaille à la chambre d’agriculture. Dans  Phnom  Penh assiégée, le garçon s’est construit un  pays imaginaire  : le  «  Royaume  Intérieur  ».

Mais un jour, la guerre frappe à sa porte. Les fondations du  Royaume vacillent. Séparé de ses parents et de sa sœur, réfugié dans la forêt sur les rives du Tonlé Sap, Saravouth devra survivre dans un pays en plein chaos, animé par  une  volonté farouche de retrouver sa famille.

Inspiré d’une histoire vraie, ce roman restitue une épopée intérieure d’une rare puissance.
Avant la longue flamme rouge a été récompensé par le Prix Orange du Livre 2020


Une intrigue en trois parties… trois actes qui entrainent le lecteur vers l’effroi et la terreur. Doucement, mais sûrement, l’histoire prend une tournure féroce, ses serres se referment en nous prenant en otage dans un récit d’une grande tristesse où l’espoir se maintient à la surface comme une bouée dans un océan de folie. 

L’histoire c’est celle de Saravouth, un garçon sensible et intelligent. Bercé par les histoires racontées par sa mère, il est à la tête d’un Empire merveilleux dans son monde imaginaire, inspiré par Peter Pan et Homère. Il y invite volontiers sa petite sœur Dara à le partager avec lui, en construisant pour elle toutes les annexes possibles. Ainsi, ils deviennent tous les deux gardiens de mémoire de cet univers refuge. 
La mémoire, bientôt c’est tout ce qu’il va rester à Saravouth, de sa sœur, fantasque, bagarreuse et qui n’avait pas sa langue dans la poche ; de sa mère et des aventures littéraires dans lesquelles elle emportait ses enfants ; et de son père et de leurs parties d’échecs. 

La complicité fraternelle et l’amour attentif de ses parents vont être balayés par la violence qui s’invite au Cambodge. Ça commence comme un remous et on sent venir la vague. La terreur s’installe, comme une rumeur qui progresse, qui grossit, qui déborde. Elle se nourrit de jalousie, d’interprétation, d’incompréhension pour devenir colère et ravager tout ce qui se trouve sur son passage. 

L’auteur est parvenu à retranscrire cette montée en pression. Loin des organes d’État, il nous raconte l’histoire par le plus petit atome : l’enfant. À travers son regard on devine, on mesure et on prend conscience du contexte. C’est effarant. Chaque page transpire la douleur. On a envie d’y croire, mais on sait comment se termine l’Histoire, alors on avance pour soutenir Saravouth, l’accompagner au moment T, celui où l’espoir se confronte au désespoir. 

Quand l’épilogue arrive, l’histoire prend une nouvelle tournure. 
Les images se mêlent aux mots, et ça en devient hébétant. 

 
N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.

 

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