La petite dernière de Fatima Daas

lundi 26 octobre 2020



Je m’appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la petite dernière. Celle à laquelle on ne s’est pas préparé. Française d’origine algérienne. Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyper-inadaptée. J’écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J’ai fait quatre ans de thérapie. C’est ma plus longue relation. L’amour, c’était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi. Je me croyais polyamoureuse. Lorsque Nina a débarqué dans ma vie, je ne savais plus du tout ce dont j’avais besoin et ce qu’il me manquait. Je m’appelle Fatima Daas. Je ne sais pas si je porte bien mon prénom.

« Le monologue de Fatima Daas se construit par fragments, comme si elle updatait Barthes et Mauriac pour Clichy-sous-Bois. Elle creuse un portrait, tel un sculpteur patient et attentif… ou tel un démineur, conscient que chaque mot pourrait tout faire exploser, et qu’on doit les choisir avec un soin infini. Ici l’écriture cherche à inventer l’impossible : comment tout concilier, comment respirer dans la honte, comment danser dans une impasse jusqu’à ouvrir une porte là où se dressait un mur. Ici, l’écriture triomphe en faisant profil bas, sans chercher à faire trop de bruit, dans un élan de tendresse inouïe pour les siens, et c’est par la délicatesse de son style que Fatima Daas ouvre sa brèche. »
- Virginie Despentes

Charmée au départ par l’entrée en matière reprise de chapitre en chapitre, comme un martèlement revendicateur, j’ai fini par me lasser de cet effet randonnée qui transpire l’exercice d’écriture.

Le propos est passablement intéressant. Surtout parce qu’il était jusque-là absent de représentation dans le panel littéraire, mais franchement l’histoire se termine quand cela devient justement « intéressant ».

L’héroïne s’enferme dans un questionnement (tout à son honneur) sans jamais interroger les voies parallèles de sa religion, elle ne fouille aucune branche à côté. Elle cherche un aval auprès d’instances passéistes, comme si elle souhaitait entendre les portes claquer devant son nez. De ce fait, j’ai trouvé sa démarche incomplète et réductrice. J’ai trouvé surprenant qu’elle ne cherche pas le témoignage de membres de la communauté LGBTQIA+ musulmans par exemple. Résultat, son introspection me semble peu crédible, et sa voix nombriliste. 

Il n’y a pas d’engagements, elle jette un pavé et regarde ailleurs. J’ai l’impression d’avoir lu le story-board d’un bon roman en devenir. 


 
N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.

 

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