Abandon scolaire, mariage précoce, exploitation économique, absence d’état civil, violences sexuelles…, au Maroc la précarité frappe durement les enfants. Dans deux reportages dans des quartiers difficiles de Casablanca et sept enquêtes à travers le pays, Hicham Houdaïfa tire la sonnette d’alarme sur l’absence de véritable politique étatique de protection de l’enfance, et rend hommage au travail de la société civile.
Une enquête effarante, tétanisante et franchement, embarrassante pour la structure étatique.
Le journaliste présente dans cet ouvrage, un état des lieux de la situation de l’enfance précarisée au Maroc. Loin, très loin de l’enfant précieux, pierre angulaire d’un cercle familial présent, attentif et pourvoyeur en tout. Il nous parle des enfants remisés dans l’ombre. Ces nombreux enfants qui ne comptent pas, et ne comptent que sur eux-mêmes, la débrouillardise et la rue, mère des enfants perdues (dixit le poète).
Aux enfants du Maroc, plusieurs maux accablants. Cette enquête en brosse un tour horizon funeste. Chapitre après chapitre, un supplice s’ajoute à une insuffisante, qui elle-même s’additionne à un dysfonctionnement. La clé du mal semble être le décrochage scolaire entraîné par un manque d’intérêt, une « réussite intuitive » qui tarde à se manifester, une structure d’accueil trop éloignée ou l’absence de transports pour s’y rendre… Le cadre familial lui aussi est questionné avec le cas des pères démissionnaires et les dissensions liées aux mœurs.
Cette lecture ne laissera personne indemne.
Elle est nécessaire et même primordiale pour mesurer la réalité horrifique de l’enfance aujourd’hui au Maroc. Une situation dramatique dont nous sommes tous les acteurs complaisants… C’est un terrible constat, difficile à admettre, mais sérieusement, aujourd’hui, quel regard avez-vous porté aux enfants de rues et leurs ventes de kleenex à la sauvette ? quel regard avez-vous porté aux mères accompagnées de leurs nouveau-nés dans leur pratique de la mendicité ? Vous ne les avez pas vus, et pourtant… Mon regard habitué à leurs présences a fini par les effacer de mon champ visuel, comme mon nez que je ne vois plus entre mes yeux.
Cette lecture fait office d’électrochoc.
Cette lecture repousse nos œillères.
Par cette enquête, lucide, pertinente et accessible, le journaliste ventile une thématique en mille et une problématiques, il suscite un débat, un questionnement et une conscientisation qui bouscule le chantier annoncé depuis 30 ans !
La paix de l’enfance implique une chose essentielle : (re)placer l’intérêt de l’enfant au centre de toutes les questions !
N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.
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