Aria de Nazanine Hozar

lundi 14 septembre 2020


« Je vais t’appeler Aria, à cause de toutes les douleurs et de tous les amours du monde. »
Téhéran, 1953. Par une nuit enneigée, Behrouz, humble chauffeur de l’armée, entend des pleurs monter d’une ruelle. Au pied d’un mûrier, il découvre une petite fille aux yeux bleus, âgée de quelques jours. Malgré la croyance populaire qui veut que les yeux clairs soient le signe du diable, il décide de la ramener chez lui, modifiant à jamais son destin et celui de l’enfant, qu’il nomme Aria.
Alors que l’Iran, pays puissant et prospère, sombre peu à peu dans les divisions sociales et religieuses, trois figures maternelles vont croiser la route d’Aria et l’accompagner dans les différentes étapes de sa vie : la cruelle Zahra – femme de Behrouz –, qui la rejette et la maltraite, la riche veuve Fereshteh qui l’adopte et lui offre un avenir, et la mystérieuse Mehri, qui détient les clefs de son passé.
À l’heure où le vent du changement commence à souffler sur l’Iran, Aria, désormais étudiante, tombe amoureuse de Hamlet, un jeune Arménien. Mais, lorsque la Révolution éclate, les espoirs des Iraniens sont rapidement balayés par l’arrivée au pouvoir de l’Ayatollah Khomeini et la vie d’Aria, comme celle du pays tout entier, s’en trouve à jamais bouleversée.


Ici, l’auteur nous présente l’Iran d’avant Khomeiny ; les divisions sociales dues à la gouvernance du shah, les prémisses des contestations et l’aboutissement d’une révolte spoliée par la naissance du régime totalitaire de l’ayatollah. Pour le faire, elle place la narration dans la voix d’une jeune fille qui va connaitre toutes les strates de la société iranienne, Aria. Le lecteur, va suivre son destin de sa naissance (et son abandon sur un amoncellement de déchets) jusqu’au moment où elle donnera elle-même la vie. Un destin martelé de bassesses, d’ignominie, de violences, de méchanceté, de tourments ; mais aussi de joies furtives et d’insouciance volée. 

Cette histoire nous donne un échantillon de la condition féminine (riche/pauvre) en Iran (avant/après Khomeiny), qui en plus de leur mettre des bâtons dans les roues, leur met des coups de bâton. Le roseau plie, sans jamais se briser : les femmes sont fortes, elles développent des armes alternatives. Aria est pleine de ressources, elle puise sa puissance dans sa persévérance et sa ténacité. Elle a farouchement confiance en elle, ou alors, elle est suffisamment détachée de tout pour se moquer du reste. Elle est indépendante. Elle se suffit à elle-même et accepte la présence des autres et ils se battent franchement les miettes qu’elle partage d’elle. Elle est têtue. Elle est aérienne, téméraire et curieuse. C’est un personnage difficile à cerner, profondément libre. 

Son histoire est liée à celle de trois femmes, qui gravitent autour d’elle dans le rôle de figure maternelle. On découvre tour à tour les trois mères, toutes différentes l’une de l’autre, mais avec un point commun : l’emprise qu’elles vont avoir sur le parcours de la jeune fille et les traces qu’elles vont laisser. 

Il y a aussi les hommes qui vont compter, le père, le meilleur ami, l’amoureux… tous lui seront profondément loyaux, bien que la vie bouscule leur sérénité. Et enfin, il y a l’Iran, ce personnage à part entière qui est en plein mû entre tourment et rugissement, qui va les dévorer l’un après l’autre. 

Dans ce roman, tout est lié, tout se répond. 
C’est un brin longuet, mais peut-être, étais-je impatiente d’avoir le fin mot de l’histoire.

 
N'oubliez pas, c'est mon avis : Aimez, détestez, peu importe respectez.
Au plaisir.

 

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